Texte de rentrée 2008 - 2009

Je respecte, tu respectes, il respecte...Je me respecte, tu te respectes, il se respecte...Je te respecte, tu me respectes...Sur le tableau, c’est beau... Entre nous, ça change tout ! Pour respecter, peut-être faut-il d’abord se respecter. Pour se respecter, peut-être faut-il d’abord se sentir respecté. Cependant, en rendant le respect conditionnel à celui de l’autre, ne risquons-nous pas de légitimer l’irrespectueux ? Si tu ne me respectes pas, je ne te respecte pas ? Le respect implique-t-il un marchandage ? Refusons-le : accordons d’emblée notre respect et à plus forte raison, dans notre rôle d’éducateur, à ceux qui en ont besoin pour s’inspirer, car, à notre mission d’instruire vient naturellement s’ajouter celle de socialiser, de favoriser l’harmonie sociale, de développer le vivre ensemble... Le respect est la reconnaissance de la valeur inhérente et des droits innés de l'individu et de la collectivité, afin de permettre à autrui d'accéder à un but plus élevé dans sa vie, à un mieux être qui rejaillit sur la collectivité. Ainsi, faire l'expérience du véritable respect de soi, c’est d’abord prendre conscience de notre valeur, de notre originalité, pour pouvoir apprécier la valeur des autres. Le respect commence par l’individu. Cette découverte de « qui nous sommes» donne confiance en soi, nous permet de nous tourner réellement vers autrui, de nous sentir concernés par la question de l’autre, indépendamment de critères physiques et matériels, tels que le rang social, la couleur de la peau, l’âge, les capacités intellectuelles, la race, la religion, le sexe, la nationalité, le statut et la popularité, qui pris pour eux-mêmes, ôtent le respect de soi-même et celui que nous témoignent les autres. Respecter, c’est dépasser, tout en l’intégrant, le respect unilatéral, celui du cadet pour l’aîné, celui de l’enfant pour l’adulte qui impose ses règles et les fait observer grâce à une contrainte, pour viser le respect mutuel qui se traduit par un rapport social de coopération, par des échanges nourris, sincères et cadrés, ainsi que par des conventions légitimées dans la confiance entre individus égaux et ce, à la faveur d’une plus grande autonomie. Sur le tableau, c’est beau mais la candeur est un luxe que nous ne pouvons nous permettre au sein de l’école : la force de frappe des médias mondialisés et mercantiles conditionnent des rites, des manières de penser et de se comporter, l’inscription socioculturelle est souvent génératrice de manières d’être violentes, non cadrées, sans limites, l’angoisse existentielle démultipliée amène à la souffrance intérieure, aux pratiques auto mutilantes, à la mésestime et au déni de soi. Nous devons faire « avec » pour qu’entre nous, ça change tout... Donc, faire le choix de placer le respect de soi et des autres comme valeurs essentielles à l’école, c’est participer à l’éveil du jeune, à son épanouissement et à son enthousiasme, c’est lui apporter la confiance en soi, autant de forces pour grandir et trouver sa place dans un monde incertain. S’appuyant sur la complémentarité et la coopération plutôt que sur la compétitivité, promouvoir ces valeurs, les pratiquer quotidiennement, en être l’exemple, c’est se donner des bases pour mieux gérer le « vivre ensemble ». Simultanément, à l’école, aiguiser le sens critique et la capacité de discernement des jeunes, pratiquer la participation et la prise d’initiatives, développer la créativité au sein de projets variés, intensifier la pratique de la réflexion donnent au respect une expression pratique et quotidienne : autant de pistes pour rendre nos jeunes conscients d’appartenir, individus uniques, à la communauté humaine et capables de comprendre la nécessité des règlements du « vivre ensemble » et donc, les rendre plus à même de les respecter et d’adhérer volontairement à leurs principes. L’éducation s’adresse à ce cœur même de l’être, impossible à façonner, à mesurer et à définir, qui ne sert littéralement à rien mais que tout le reste doit servir. Si l’éducation est gratuite, non réductible au chantage « je te respecte, tu me respectes », c’est parce qu’elle a affaire à ce qui en l’homme n’a pas de prix. C’est également parce que son propos au sein de l’école ne se résume pas à « apporter » un savoir programmé, des compétences certifiées ou une attitude réglementée. L’éducation au respect de soi, à l’estime des autres tend à inspirer et à favoriser une manière d’être fondamentale, faite essentiellement de disponibilité, d’interrogation, d’inquiétude pour autrui. Ce n’est pas gagné. Pourtant, considérons nos propres ressources. Notre école habite une équipe qui ouvre les jeunes à infiniment bien plus grand que le savoir, un avenir prometteur ou quelques règles de savoir-vivre... Chaque fois que nous « regardons en arrière (respicere) » pour offrir notre regard, notre attention, notre écoute, pour proposer un répit dans la relation d’affrontement, pour marquer une limite sécurisante, pour créer les conditions de dialogue, nous inventons un nouveau chemin de découverte d’autrui... Continuons chaque jour à construire un cadre de référence et de règles clair et à l’appliquer avec cohérence, sans victimisation ni infantilisation, en veillant tout spécialement à la qualité des intentions, de des attitudes, des pensées, des paroles et des actes. Contribuer à susciter un climat scolaire serein, une atmosphère harmonieuse favorise les apprentissages scolaires et sociaux. La valeur ajoutée pour ceux qui appellent et sont appelés à une plus grande humanisation, à un plus grand respect mutuel, est non mesurable... Simplement, entre nous, ça change tout ! Belle année scolaire ! A. Verhaeren pour Grains de Vie

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