« Collège à bâtir »
Voilà la pancarte installée près du porche qui nous accueillerait à l’entrée du Collège.
Tout hâlé, revigoré, empli de bonne volonté, on voudrait se laisser interpellé et spontanément, on se pencherait pour récolter un bout de pavé.
On laisserait couler le temps, un peu, pour choisir son galet, déterminer sa couleur, palper sa rugosité, humer son odeur, jauger sa pesanteur, apprécier son originalité.
On se prendrait sans doute à philosopher, à remonter la mémoire de ce caillou, à reconstituer son histoire : façonné, sali, glacé, glissant, coloré de confettis, témoin muet de chaque rentrée. L’on se reverrait alors, le foulant, tout petit, accroché à maman ou jeune et fringant, musette en bandoulière ou angoissé avant la première fois, devant tant de gens qui se battent et bâtissent un crayon à la main. On se souviendrait que c’est comme cela que naissent les maisons.